La thérapie avec hypnose et RITMO

Accompagner avec le RITMO, une thérapie par les mouvements oculaires

Dans les années 80 aux États-Unis, Francine Shapiro met au point une nouvelle approche thérapeutique par la stimulation oculaire, qui dans un premier temps fait largement ses preuves dans l’accompagnement à l’intégration d’événements traumatiques : l’EMDR (Eyes Movement Desensitization and Reprocessing). En effet, à cette époque, les États-Unis font face à une forte augmentation de troubles de stress post-traumatiques et pathologies diverses (dépressions, consommation excessive d’alcool et/ou de drogues, anxiété, troubles paniques …) chez les vétérans de la guerre du Viêt Nam.

Si l’Organisation Mondiale de la Santé recommande l’EMDR en première intention pour traiter le trouble de stress post-traumatique, les thérapies par les mouvements oculaires ont aujourd’hui beaucoup évolué et ont pu faire leurs preuves sur d’autres troubles tels que la phobie, le trouble anxieux généralisé ou le deuil non résolu par exemple.

“EMDR” étant une marque déposée, son usage et sa formation sont strictement réservés aux médecins et psychologues. Toutefois, de nombreuses techniques dérivées ont vu le jour ces dernières années, notamment le RITMO (Retraitement de l’Information Traumatique par les Mouvements Oculaires) créé par Lili Ruggieri, psychothérapeute familiale et hypnothérapeute également formée à l’EMDR depuis 20 ans. Cette méthode allie des techniques d’hypnose à la méthode traditionnelle de l’EMDR, pour un accompagnement sécurisant et encore plus efficace.

Toutes les informations qui suivent sont valables à la fois pour l’EMDR et le RITMO, dont l’hypothèse de travail et les sources neuroscientifiques sont identiques.

Le système de traitement adaptatif de l’information (TAI)

Le RITMO, cette thérapie par les mouvements oculaires, se base sur l’hypothèse que l’être humain intègre chaque expérience en la rattachant à l’ensemble de ses expériences précédentes. Une expérience inclut les perceptions sensorielles : images, sons, odeurs, éventuellement goût, sensations tactiles, sensations physiques internes (accélération du rythme cardiaque, douleur, sensation de poids sur l’estomac, etc.) associées à des informations émotionnelles et cognitives (pensées).

Par exemple, un enfant qui rencontre un chien pour la première fois va créer un réseau de neurones de l’expérience “chien” comprenant l’image du chien avec sa couleur, son aspect, associée à son odeur, la texture de sa fourrure s’il l’a touché, le son émis par le chien content de se faire un nouvel ami. Si cette première expérience est positive et traitée correctement par le cerveau, l’enfant gardera un souvenir positif de ce chien en y mêlant une émotion agréable et une pensée positive du type “les chiens sont gentils”. Avec le temps et les autres rencontres avec des chiens que ce même enfant fera, le réseau initial se connectera aux suivants pour enrichir et affiner les informations stockées dans le cerveau.

Imaginons maintenant que ce même enfant, quelques années après sa première rencontre avec un chien, en croise un autre et que cette fois-ci, il vive une expérience négative. Le chien effrayé par le comportement trop brusque de l’enfant se met à grogner et le mord. Tout se passe très rapidement mais dans le cerveau encore immature de l’enfant, le stress a eu le temps de monter en flèche au point de faire “disjoncter” le circuit émotionnel créant ainsi une isolation de l’expérience, qui ne peut pas se connecter aux expériences précédentes.

La nouvelle expérience, traumatique celle-ci reste encapsulée telle quelle : les informations sensorielles, les émotions intenses et désagréables et les cognitions négatives du type “je suis en danger”. À partir de ce moment, ce réseau traumatique pourra être activé dès que le cerveau percevra une information en lien avec l’expérience non intégrée, générant une émotion et une réaction identiques.

Les stimulations bilatérales alternées (SBA) en EMDR

C’est en se promenant dans un parc, son regard balayant le sentier de gauche à droite, que Francine Shapiro a constaté que ses pensées négatives diminuaient de plus en plus au fil de ces mouvements oculaires. Après plusieurs tests sur ses patients, elle propose différentes explications à l’efficacité de ces stimulations visuelles bilatérales (des deux côtés) alternées (une fois à droite, une fois à gauche). Bien qu’aujourd’hui les études ne puissent pas encore expliquer ce qui fait l’efficacité de cette thérapie, plusieurs pistes sont suivies : 

  • le mouvement des yeux est identique à celui qui a lieu lors de la phase de sommeil paradoxal (REM en anglais pour “Rapid Eyes Movement”), lorsque le cerveau traite les informations de la journée
  • la double attention induite par la consigne de porter son attention à la fois sur l’expérience traumatique (intérieure) et sur la stimulation sensorielle visuelle, auditive ou tactile (extérieure) favorise certains mécanismes mnésiques
  • les SBA créent de nouveaux liens entre “cerveau émotionnel” et “cerveau cognitif”

Si à l’origine, l’EMDR n’utilisait que des stimulations visuelles (on demande aux personnes accompagnées de suivre du regard le thérapeute qui effectue un mouvement de balayement avec ses doigts devant lui), on a pu constater que d’autres stimulations peuvent être efficaces et on utilise aujourd’hui également des stimulations auditives (claquement de doigts à gauche et à droite) ou tactiles (tapotement sur les genoux ou les épaules).

J’utilise personnellement du matériel et des outils spécialement conçus pour pratiquer les SBA dans des conditions de confort optimales pour vous et pour moi, afin de focaliser toute mon attention sur le processus en cours, que ce soit au cabinet ou à distance : 

  • barre lumineuse dont il faut suivre du regard un point lumineux
  • galets vibrants à tenir en main
  • casque audio diffusant des sons de façon alternée
  • plateforme de téléconsultation proposant des outils pour les stimulations visuelles (point balayant l’écran de gauche à droite) et auditives (sons à écouter avec un casque ou des écouteurs)

Bien que les SBA soient au cœur de la méthode RITMO, la thérapie par les mouvements oculaires, ce n’est qu’après différentes phases préparatoires et de stabilisation émotionnelle incluant d’autres outils, que les différentes cibles sont désensibilisées et retraitées.

Retraitement d’un traumatisme simple : chute de cheval

J’ai pu constater les effets spectaculaires du RITMO lors d’un traumatisme simple en accompagnant une jeune fille passionnée d’équitation et propriétaire de son propre cheval avec qui elle avait une relation très forte. 

Lorsqu’elle s’est présentée à mon cabinet, cela faisait presque un an qu’elle n’était plus remontée à cheval, suite à une chute. Elle ne comprenait pas ce qui se passait pour elle, qui était avant si confiante et qui prenait tant de plaisir à monter son cheval. La chute avait brisé quelque chose dans leur relation et elle souffrait d’émotions ambivalentes : elle avait maintenant une peur irrépressible de son cheval et souffrait en même temps d’une énorme culpabilité, de ne plus nourrir leur relation comme avant, mais aussi d’avoir elle-même été à l’origine de son accident. En effet, ce jour-là elle se sentait stressée et contrariée suite à une dispute avec son compagnon, elle pensait avoir transmis son stress à l’animal qui a fini par se cabrer et la faire chuter, elle avait donc la croyance négative que tout était de sa faute.

Cette situation commençait à l’affecter au quotidien, cela la déprimait et la rendait triste. 

Après un premier rendez-vous d’entretien et de préparation, la seconde séance a été consacrée à l’évaluation, la désensibilisation et l’installation d’une nouvelle croyance positive à son sujet. Au fil des stimulations bilatérales alternées visuelles, la peur et la culpabilité de ma cliente ont peu à peu diminué jusqu’à laisser place à un sentiment de calme et de sécurité. Elle est repartie de cette séance en étant convaincue que l’accident n’était pas de sa faute.

Deux semaines plus tard, elle est venue au cabinet souriante et fière d’elle : sa culpabilité avait complètement disparu et elle a pu remonter à cheval 3 jours après la séance précédente.

Bien entendu, la durée et l’organisation des séances ne sont pas identiques pour chaque personne. Cela dépend de l’intensité et de la complexité émotionnelles liées à l’événement et à l’origine de croyances négatives sur soi. De plus, on n’abordera pas un traumatisme complexe aussi directement qu’un traumatisme simple.

Retraitement d’une phobie avec la thérapie par les mouvements oculaires RITMO

Bien que le RITMO (EMDR) soit une approche très efficace sur le trouble de stress post-traumatique (TSPT), ce n’est pas une approche du trauma mais plutôt par le trauma. Cela signifie qu’en RITMO (EMDR) nous partons du principe que ce sont des croyances négatives issues d’expériences adverses et liées à des émotions non “digérées” qui sont à l’origine de la plupart des troubles anxieux, des phobies, des problématiques d’estime de soi etc. Et en tous les cas, si aucun événement source n’a pu être identifié, un retraitement est possible en utilisant les mêmes techniques et en travaillant sur la croyance négative.

Voici l’exemple d’une autre cliente, qui souffrait de la phobie des aiguilles médicales (bélénophobie) depuis son enfance. Cela faisait plusieurs années qu’elle n’avait pas fait de prise de sang, redoutant de faire un malaise comme elle avait pu en faire précédemment. En recueillant son histoire, nous avons pu identifier plusieurs événements précoces en lien avec des hospitalisations, interventions chirurgicales vécues par elle ou ses proches. Chaque souvenir a été désensibilisé jusqu’à ce qu’ils soient débarrassés de leur charge émotionnelle et cognitive, mais nous avons également travaillé sur une caractéristique importante de la phobie : la peur de la peur, en nous concentrant sur les déclencheurs du présent et les scénarios du futur. Au total, 6 séances de RITMO, thérapie par les mouvements oculaires, ont été nécessaires pour qu’elle puisse aller faire sa prise de sang sans faire de malaise.

Visionnez un extrait de l’émission “Grand Soir 3” de France 3 qui présente l’EMDR

Si vous souhaitez savoir si la thérapie par les mouvements oculaires RITMO est adaptée à votre problématique, contactez-moi pour en discuter.

L’hypnothérapie à visée de bien-être agit en complémentarité avec les professionnels de santé conventionnelle pour le bien-être global des individus.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.